Les Cévennes et son Parc National entre Auvergne et Languedoc, sur les départements de la Lozère, de l'Ardèche, du Gard et de l'Aveyron. |
L'autre arbre mythique des Cévennes, le mûrier, a fait un plus long voyage, de la Chine aux rivages de la Méditerranée. Mais son implantation massive dans la région, il la doit en partie à un recul du châtaignier, qui comme l'olivier a mal résisté aux terribles gelées de 1709. Une date qui marque vraiment le début de la conquête de la montagne cévenole par l'arbre d'or. Néanmoins, le mûrier était promis dès le départ à un bel avenir. Il était apparu en Provence sous le règne de saint Louis. Et les premières traces de l'activité des trahandiers, les tireurs de soie, remontent à la fin du XIIIe siècle à Anduze. La sériciculture se développe peu à peu dans le sud de la France. Et cette activité est devenue très vite une affaire d'Etat. La première ordonnance royale encourageant la plantation de mûriers remonte à 1544. Sous le règne d'Henri IV, la France est devenue une grande consommatrice de soie et le roi fait tout pour encourager cette branche économique. Son conseiller, Olivier de Serres, agronome protestant, lui est d'une aide précieuse dans cette entreprise. Le seigneur du Pradel consacre une partie importante de son ouvrage Le Théâtre d'agriculture et mesnage des champs à la "cueillette de la soie".
L'Etat accentue son soutien. Des subventions sont même accordées à la sériciculture sous Colbert. Un engouement excluant les huguenots, qui détenaient pourtant dès l'origine l'industrie soyeuse à Nîmes. Les vexations et les mesures plus strictes qui visent les protestants poussent nombre d'hommes à émigrer pour devenir ouvriers à Londres, Amsterdam, Lausanne... Une fois les plaies de la guerre cicatrisées, l'effort de plantation des mûriers reprend de plus belle.
Au XIIIe siècle dans tout le Languedoc, et notamment dans les Cévennes, presque chaque famille "éduque le ver et tire son fil". Le fil brut est alors vendu à des négociants. L'étape du moulinage, puis du tissage, a lieu dans les villes de la plaine. Aux limites des Cévennes, à Ganges, au Vigan, à Anduze ou encore à Saint-Jean-du-Gard, en revanche c'est la bonneterie qui prend son essor. Les bas de soie cévenols vont habiller tous les mollets des cours d'Europe. La prospérité des élevages de vers à soie connaît son apogée lors de la première moitié du XIXe siècle. C'est l'époque aussi où les petits ateliers de filature sont peu à peu remplacés par des unités plus productives.
La vapeur a fait son apparition et ouvre la porte à l'industrie. Les filatures des bourgs cévenols vont avaler chaque jour des centaines d'ouvriers, mais surtout d'ouvrières. Si les femmes se retrouvent majoritaires dans beaucoup de filatures, elles régnaient déjà depuis le début de l'aventure de la soie sur l'éducation du ver. Elles accordaient tous leurs soins et parfois leurs prières pour que la graine devienne cocon.
L'âge d'or de la soie cévenole va cependant prendre fin brutalement. Des élevages entiers de vers sont dévastés par une maladie : la pébrine. C'est la ruine pour vingt ans dans les vallées cévenoles. Les filatures s'approvisionnent en Italie et en Orient. Les chiffres sont éloquents : en 1850, la production de cocons s'élève jusqu'à 25 000 tonnes, tandis que quinze ans plus tard elle n'est plus que de 300 tonnes. La trouvaille de Pasteur pour sélectionner les graines saines ne suffira pas cependant à sortir les Cévennes de l'impasse. L'ouverture du canal de Suez qui favorise l'arrivée des soies chinoises et japonaises, puis la concurrence de la rayonne accélèrent le déclin de la sériciculture.
Baisse inéluctable de la production de la soie, exode des soyeux, dégénérescence des mûriers, agonie des châtaigneraies : les Cévennes ne se remettent pas du déclin de cette industrie, dont les derniers soubresauts remontent aux années cinquante. Avec la soie, la vie s'en est allée des vallées cévenoles.
Dans les années soixante-dix, une tentative de relance de cette activité si intimement liée aux Cévennes voit pourtant le jour. Une action sans doute empreinte de nostalgie au départ, mais qui s'est donné les moyens de mettre sur pied un centre de recherche, de créer un conservatoire et une filière complète de production. Une filière dont les produits finis sont mis en vente à la maison de la Soie à Saint-Hippolyte-du-Fort. Des larves de Bombyx mori - la chenille à soie - muent à nouveau dans quelques magnaneries des Cévennes. Une culture est sauvée de l'oubli, une activité minimale est préservée, cependant l'âge d'or ne reviendra plus...
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Après le déclin de la sériciculture au milieu du siècle dernier, les familles paysannes cévenoles ne pouvaient plus guère compter que sur les mines pour assurer leur ordinaire. L'extraction du charbon, ou de minerais comme l'argent, le plomb ou le zinc, est alors devenue la principale industrie de la région. Une activité dont il ne reste aujourd'hui que quelques vestiges industriels, et les tout derniers témoins: des gueules noires, qui n'ont pas pu résister, au début de ce siècle, à la mainmise des compagnies sur cette exploitation du sous-sol longtemps restée une "affaire de famille" et y ont abandonné leur vie et leur force de travail. On estime qu'au XVIIIe siècle, sur quatre-vingts gisements, soixante étaient exploités par des artisans et ne mesuraient pas plus de quelques dizaines de mètres au maximum.
C'est seulement en 1874 que le travail de fond est finalement interdit aux enfants de moins de treize ans et aux femmes. Une mesure prise sans aucun doute pour des raisons plus morales que sociales: les femmes ne doivent plus descendre au fond du puits où les hommes travaillent nus à cause de la chaleur. C'est au cours du XIXe siècle que le travail de la mine dans les Cévennes passe peu à peu d'un statut artisanal à un stade industriel. Comme pour la sériciculture, l'emploi de la machine à vapeur a été déterminant dans cette évolution, avec aussi le développement du réseau routier et la création du chemin de fer entre Beaucaire et Alès.
Au siècle dernier, l'exode rural aidant, les paysans-mineurs qui abattaient le charbon une fois le travail de la ferme accompli sont devenus progressivement des ouvriers, catholiques pour la plupart. Des mineurs, qui au XXe siècle vont côtoyer une main-d'œuvre venue cette fois d'Espagne, d'Italie, de Pologne.Dans les Cévennes, l'histoire de la mine a cependant commencé à l'aube de notre ère. Dans d'anciennes mines de fer et de plomb, on a retrouvé des lampes et des outils de l'époque gallo-romaine, attestant une exploitation dès l'Antiquité.Les premiers témoignages écrits font état d'une rente annuelle versée en 1230 par les exploitants de gisements de "terre noire" à l'abbé de Cendras, près d'Alès. Par la suite et jusqu'à la Révolution, les propriétaires du sol ont continué à extraire le charbon par des galeries ou des petits puits. L'Etat fait alors des mines sa propriété et, en 1810, elles deviennent des concessions perpétuelles.Le monde industriel pousse à la concentration. A la fin du siècle dernier, on ne compte plus que trois compagnies à se partager le charbon cévenol: la Compagnie de La Grand-Combe, celle de Bessèges (les deux villes du même nom sont ainsi nées de l'exploitation de la terre noire) et la Société anonyme des houillères de Rochebelle.
Le bassin houiller est devenu l'un des principaux centres industriels de France et sa population est passée de 8 000 habitants en 1845 à 24 000 en 1896. Une activité à laquelle il faut ajouter la production de minerais à Vialas et à Villefort en particulier. De ces gîtes métallifères exploités depuis le XIIe siècle, on extrayait, par exemple à Vialas, le quart de la production française d'argent vers 1850, et l'on en aurait retiré environ 20 000 tonnes de plomb et produits divers, et 100 tonnes d'argent, entre 1850 et 1894.Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, le niveau des rendements des mines de charbon va stagner. La nationalisation intervenue en 1946 regroupe les compagnies.
Les Houillères du bassin des Cévennes ainsi créées embauchent et modernisent certains puits jugés plus rentables. Un record de production est atteint en 1958 avec 3 300 000 tonnes avec un effectif de 20 000 ouvriers.Cependant, cette période euphorique n'est que de courte durée. La concurrence d'autres sources d'énergie notamment contribue à des fermetures de puits. Et l'on parle très vite de licenciements, de reconversions... et à nouveau d'exode pour les Cévenols qui s'étaient accrochés au pays.Aux alentours d'Alès, où ne reste plus désormais que la "mine témoin" ouverte à la visite pour les touristes, il n'existait plus en 1980 qu'un seul puits: Ladrecht-Destival. Quand les Charbonnages renoncent à l'exploiter, les gueules noires entament une grève et occupent la mine durant treize mois. Leur action est soutenue par des mineurs d'autres continents. Ils pourront reprendre le travail en juin 1981. Mais l'exploitation a finalement cessé fin 1984. Un baroud d'honneur pour les mineurs cévenols.
Aussi, ces dernières années, quand on parle de mines dans les Cévennes, on ne fait plus guère mention que des gisements d'uranium découverts récemment dans la région du parc national. Mais de la découverte à l'exploitation, il y a désormais un fossé à franchir pour tenir compte des impératifs de protection de la nature. Les demandes de permis d'exploitation ne sont pas allées sans poser de problèmes.
A titre d'exemple, le conseil d'administration du parc, sur avis de son comité scientifique, s'était prononcé contre le projet d'exploitation du gisement du Gros aux Bondons, prévu alors en 1987. Dans son programme d'aménagement pour la période 1994-1999, le parc persiste et signe dans ce sens. Il réaffirme une fois encore que l'implantation d'activités minières polluantes dans les zones centrale ou périphérique est incompatible avec l'existence de l'établissement public. "Le Parc National des Cévennes", Louisette Gouverne, Nathalie Locoste, Actes Sud Edition
Ancien hôtel de villégiature avec un jardin au bord de l'Allier, L'Etoile Maison d'hôtes se situe à La Bastide-Puylaurent entre la Lozère, l'Ardèche et les Cévennes dans les montagnes du Sud de la France. Au croisement des GR®7, GR®70 Chemin Stevenson, GR®72, GR®700 Voie Régordane (St Gilles), GR®470 Sources et Gorges de l'Allier, GRP® Cévenol, Montagne Ardéchoise, Margeride. De nombreux itinéraires en boucle pour des randonnées et des sorties à vélo d'une journée. Idéal pour un séjour de détente et de randonnée.
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