Les Cévennes et son Parc National entre Auvergne et Languedoc, sur les départements de la Lozère, de l'Ardèche, du Gard et de l'Aveyron. |
Quand le parc national des Cévennes fut finalement créé en 1970, son périmètre a emprunté ce que l'on considérait comme la limite de la dernière glaciation wurmienne.
Le découpage évite les vallées habitées et cantonne l'espace protégé à de hauts plateaux, des montagnes dénudées ou boisées où l'on peut circuler sur les routes en balcon ou de partage des eaux. Le parc enjambe les départements de la Lozère et du Gard en mordant sur l'Ardèche. Et il se moque encore des cloisonnements géologiques pour nous donner à voir la magnificence de tout ce qui a poussé, flore ou architecture, sur le schiste, le granite ou le calcaire. Le parc national des Cévennes conjugue les particularités: le plus grand parc de France et aussi le seul situé en moyenne montagne.
Quoi qu'il en soit, la beauté des Cévennes réside dans leurs paysages profondément humanisés. Des paysages façonnés, animés par la main de l'homme depuis des siècles et des siècles.
Si le parc national des Cévennes n'est pas un parc tout à fait comme les autres, c'est essentiellement pour cette raison. Avec celui de Port-Cros, ils sont seulement deux en France à compter des habitants en permanence dans leur zone centrale, 600 aujourd'hui dans les Cévennes contre 430 en 1971. Sous le climat rude de la montagne cévenole, une population s'est toujours accrochée. Une population dure à la peine, poussant les troupeaux sur les drailles, entretenant des terrasses et cultivant le châtaignier ou le mûrier, ou encore extrayant le charbon dans les galeries de mines.
Une population héritière des Camisards et des maquisards, restée fière et jalouse de sa solitude et de ses secrets. Les descendants de générations de résistants n'ont bien sûr pas accepté sans lutter la "main-mise" de l'Etat sur leurs Cévennes par le biais de la création du parc national des Cévennes avec le décret du 2 septembre 1970. Les menaces de voir se réduire des libertés coutumières ont fait se lever une farouche opposition pourtant troublée par les affres de la désertification. La plupart des communes ont perdu cinq sixièmes de leur population entre 1920 et 1970.
Pour éviter le choix suicidaire qui leur aurait fait abandonner la montagne, une partie des Cévenols se sont finalement rangés sous une autre bannière. Celle du parc national, mais un parc qu'ils ont voulu culturel. Le contrat signé prévoit en effet de concilier une véritable protection de la nature et le respect de l'économie rurale. En un quart de siècle, le parc national a par exemple réussi à travailler avec les paysans. L'établissement public a acheté près de 5 000 hectares pour les louer aux volontaires qui s'engageaient à travailler sur leur exploitation en signant des plans d'environnement.
Cette gestion plus équilibrée des milieux naturels, y compris les moins productifs, a permis notamment de sauver des races rustiques comme les vaches Aubrac et les moutons raïols. Les "contrats Mazenot", des contrats de travail pour les habitants qui entretenaient des sentiers, remettaient en état des terrasses, des canaux d'irrigation (béals) ou nettoyaient des zones sensibles au feu, ont également compté pour tisser des liens durables entre la population agricole et les équipes du parc.
Sur le Mont Lozère, on peut même rencontrer des paysans heureux d'avoir pu continuer à pratiquer leur métier d'éleveur avec fierté sans s'offusquer d'avoir été aussi à leur façon des "jardiniers du paysage".
Qui dit développement dans une région comme les Cévennes pense aussi tourisme. S'il est difficile d'échapper à cette nouvelle industrie, il l'est tout autant de concilier impératifs de gestion et équilibres naturels, respect d'un patrimoine architectural et qualité, etc.
Depuis le départ, le parc national, dont l'un des objectifs est d'accueillir et d'informer le grand public, doit également juguler les effets pervers de cet attrait pour la nature cévenole. Le territoire du parc, aussi vaste soit-il, ne permet pas d'éviter que certains points comme le sommet de l'Aigoual ou les gorges du Tarn et de la Jonte soient surpiétinés, et la faune et la flore "dérangées" par une fréquentation touristique évaluée à environ 800 000 visiteurs l'an au milieu des années quatre-vingt-dix. La mise en place d'une réglementation plus stricte, un balisage plus sévère des espaces accessibles et l'éducation restent les seules armes à la disposition des agents du parc. Et elles paraissent certaines fois bien dérisoires.
Mais la richesse des paysages des Cévennes explique aisément cet enthousiasme. En quelques dizaines de kilomètres, on peut passer en effet du Mt Lozère, un monde granitique pelé et ouvert aux vents, aux Causses, des plateaux calcaires veinés d'avens et de grottes, puis au massif de l'Aigoual reboisé depuis le siècle dernier, et enfin aux étroites vallées schisteuses des Cévennes autrefois cultivées. Cette diversité, à laquelle s'ajoutent la juxtaposition de introduction 15 trois climats: méditerranéen, océanique et continental, ainsi que la présence de quatre étages de végétation, permet à une flore extrêmement variée de se développer.
Un tel environnement favorise évidemment la présence d'une faune elle aussi diversifiée. D'autant plus que le parc national a poursuivi jusqu'en 1995 une active politique de réintroduction d'espèces disparues de la région depuis plusieurs décennies. Les cerfs, les chevreuils, les grands tétras, les castors se sont ainsi réimplantés dans les massifs cévenols. Et il faut bien sûr mentionner les vautours fauves (plus de 230 fin 1997) et les vautours moines - 20 individus -, qui ont recolonisé les gorges et les falaises du causse.
Cette opération de réintroduction qui s'est taillé une réputation mondiale est devenue une belle histoire pour les milliers de curieux attirés par les rapaces revenus au pays. L'aventure sera mise en scène à compter du printemps 1998 au belvédère des Vautours, édifié au Truel. On pourra y percevoir le fruit d'un travail scientifique mené sur le terrain durant près de vingt ans avec le Fonds d'intervention pour les rapaces (FIR).
La loi du 22 juillet 1960 et le décret du 31 octobre 1961 fixent les conditions de création des parcs nationaux français. Le premier au monde, le Yosemite National Park, est né aux Etats-Unis en 1864. La création d'un parc se déroule en deux phases. La première, une longue -parfois très longue- concertation auprès de tous les organismes intéressés, doit déboucher sur un compromis entre les intérêts des uns et des autres. Puis, les limites théoriques et le règlement du futur parc sont arrêtés et le projet est soumis à enquête publique. Ensuite, le Premier ministre prend la décision de créer le parc par un décret en conseil d'Etat. Les parcs nationaux sont subventionnés par l'Etat et gérés par des établissements publics sous tutelle du ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement. Leurs directeurs sont nommés par arrêté du ministre chargé de l'environnement.
Les parcs nationaux ont pour vocation première la protection du patrimoine naturel. Pour ce faire, ils s'appuient sur la réglementation édictée par leur décret de création. Celle-ci s'applique seulement dans la zone "centrale". Dans la zone dite "périphérique", les parcs doivent favoriser, en concertation avec les élus et les associations, un développement durable.
Leurs principales finalités sont: assurer la diversité biologique; mettre ce patrimoine à la disposition du public; contribuer au développement durable du territoire en favorisant les activités, comme l'agriculture traditionnelle, qui y concourent; susciter des comportements respectueux de la nature et de ses équilibres. Les zones centrales des six parcs nationaux de métropole - il en existe un également en Guadeloupe - représentent 0,65 % du territoire national.
Le nom des Cévennes, dérivé de l'hébreu Giben, ou du celtique Keben, signifie, dans ces deux langues, montagne. Cette double étymologie, à la fois religieuse et nationale, souche commune de toutes les appellations grecques et latines des Cévennes, a vraisemblablement une racine primitive dans les antiques idiomes de l'Inde. La chaîne cébennique, longue d'environ cent lieues, unit les Pyrénées aux Alpes. Depuis son plateau septentrional, ses cimes, qui parfois s'élèvent à une hauteur de mille toises, forment un gigantesque escalier dont les gradins escarpés s'abaissent incessamment vers le sud, jusqu'aux noirs rochers qui supportent Agde et Brescou, et se confondent ensuite avec les sables de la plage et les vagues orageuses du golfe.
La plupart sont d'anciens volcans dont les laves, ruisselant sur les pentes latérales, descendirent en nappes ardentes, d'un côté jusqu'au fond des gorges du Forez et du Velay, et de l'autre jusqu'au lit frémissant du Rhône. Mais, leurs cratères, aujourd'hui éteints et couverts de forêts, n'épanchent plus sur leurs flancs, revêtus de prairies, que d'innombrables sources limpides, qui forment, en se réunissant, plusieurs rivières considérables. A l'ouest, la Loire, l'Allier, le Lot, le Tarn se précipitent vers l'Océan ; à l'est, l'Erieu, l'Ardèche, la Cèze, le Gardon se jettent dans le Rhône; au sud enfin, deux petits fleuves, l'Hérault et le Vidourle tombent dans la Méditerranée. Dans le Vivarais, surtout, plus tourmenté par les volcans, les crêtes, déchirées en vastes pans de murs crénelés, en colonnades, en cônes, figurent des citadelles de basalte en ruines qui, entremêlées de bois, de prés, de grottes, de torrents, de cascades, forment des paysages d'une sauvageté tantôt horrible, tantôt gracieuse, presque toujours ravissante.
Plaçons-nous au milieu de la chaîne cébennique ; montons sur la Lozère. Elle est le centre géographique de cette histoire, le sauvage séminaire d'où sortirent les pasteurs du désert les plus nombreux et les plus célèbres, et le foyer toujours bouillonnant d'où les insurrections se répandirent dans les provinces environnantes. De cette cime, l'oeil peut presque en parcourir le théâtre, à vol d'oiseau, ou du moins en distinguer les vastes horizons. Il en est trois qui l'enveloppent comme trois ceintures.
Le premier, celui des Cévennes proprement dites, est formé par le Tarn, le Rhône, l'Hérault et la mer. Le second, où les évènements, trop à l'étroit dans leur berceau, débordent sur les provinces voisines, a pour bornes le Cantal, les cours de l'Érieu et de la Drôme, du Lot et de la Garonne, les Pyrénées, les Alpes et la Méditerranée. Le troisième enfin, où les hommes et les évènements se perdent dans l'exil, embrasse toute l'Europe occidentale. Ainsi donc, laissant quelques insurrections passagères, qui s'égarent dans les vallées du Rouergue et du Dauphiné, notre principal territoire comprend six diocèses : trois le long du Rhône, Viviers, Uzès et Nismes ; trois parallèles à l'ouest, Mende, Alais et Montpellier. Mende et Viviers, au nord ; Alais et Uzès, au centre; Montpellier et Nismes, au midi. Ces six diocèses forment aujourd'hui les quatre départements de l'Ardèche, de la Lozère, du Gard et de l'Hérault.
Le diocèse de Viviers, composé de trois cent quatorze paroisses, se divise en deux régions, s'étendant parallèlement du sud au nord, le haut Vivarais sur les sommets cébenniques, le bas Vivarais le long du Rhône. Le haut Vivarais se subdivise en montagnes septentrionales, ou Boutières, et en méridionales, ou Tanargues. Les Bordières, d'où sort l'Érieu, sont un groupe de gigantesques pains de sucre granitiques, dont les pics décharnés, les crêtes hérissées, les horribles précipices offrent à l'oeil, dans le lointain, l'image d'un monde tombant en ruine et périssant de vétusté. Il ne germe, sur leurs croupes stériles, que des châtaigneraies, des chènevières et les pâturages. Ils forment toute la fortune de ces pauvres montagnards, qui vivent de châtaignes et de laitage, filent leurs chanvres et leurs laines, et tannent les cuirs de leurs troupeaux.
Les Tanargues sont les plus hauts sommets cébenniques ; le Mézenc, leur roi ; le Gerbier-de-Joncs, le prosoncoupe ou cratère des prairies. Ces montagnes, couvertes de neiges presque éternelles et de vastes forèts, possèdent les sources des grandes rivières, et, conséquemment, les plus beaux pâturages et les plus nombreux troupeaux. Leurs vallées, plus grandioses, plus pittoresques, plus fécondes, produisent toute espèce de céréales et de fruits, hormis le raisin.
Le bas Vivarais est formé de deux bassins principaux, séparés par la chaîne du Coiron : au nord, celui de l'Érieu, adossé aux Boutières ; au sud, celui de l'Ardèche, au pied des Tanargues. Ces montagnes, dégénérées en collines escarpées encore, s'abaissant vers le Rhône, présentent, au levant, leurs pentes abruptes où croissent le mûrier, l'olivier, la vigne aux grappes délicieuses. Les troupeaux, ici, ce sont les vers-à-soie et les abeilles.
Les lieux les plus mentionnés dans ses chroniques, sont Tournon, Chalençon, Vals, sur la Chaussée-des-Géants, Privas, d'où Louis XIII et Richelieu furent repoussés par Montbrun, qui paya cette gloire de sa tête (1629), Vallon, aux immenses grottes, et Saint-Jean, dont anciennement les pieux habitants, réfugiés au cratère du Montbrul, se creusèrent, clans les vastes pores de ses gigantesques scories en forme de tours, une multitude de petites cellules, et, abeilles évangéliques, tirent leurs alvéoles des soupiraux mêmes du volcan.
Au 12e siècle, le Vivarais reçut la doctrine de Valdo, réfugié dans ces montagnes, et au 16ème, celle de Luther, de la bouche d'un de ses disciples, connu sous le nom symbolique de Machopolis. En effet, à cette époque des grandes luttes de l'esprit humain, chaque tête était une citadelle de l'intelligence, chaque langue un glaive de la pensée. Le protestantisme s'établit dans presque toutes ses paroisses, et dans plusieurs îles du Rhône, entre autres celles de Lavoulte et du Pousin, pareilles, comme leur nom l'indique, à la couvée d'un oiseau qui, poursuivi sur la terre, aurait caché dans les roseaux du fleuve son nid souvent roulé par les vagues.
Le diocèse de Mende, coin posé de cent soixante-treize paroisses, est tout entier dans le Gévaudan. La Lozère en coupe un tiers vers le sud : ce sont les hautes Cévennes proprement dites. Cette montagne, semblable à une grande muraille onduleuse, sépare le haut Gévaudan catholique du bas, presque tout protestant, et divise leurs populations qui, bien que d'un même sang, ont dans le génie la différence et l'antipathie de leurs religions rivales. Tournons le dos au Gévaudan, qui s'étend sur les montagnes de la Margeride, du monastique Aubrac et du Palais-du-Roi, palais de l'hiver, tyran morose qui, de son trône non moins orageux que celui des monarques, est tous les ans précipité par le soleil. Derrière nous, la féodale et monastique Mende, isolée du monde, se cache dans un abîme comme dans un sépulcre. Elle git au pied du mont Mimat, dont la cime porte, comme un nid d'aigle, la grotte de Saint-Privat. Un hermite l'habite encore, et croît être, en vivant ainsi, le successeur de ce premier apôtre du Gévaudan.
Maintenant, les hautes Cévennes sont toutes devant nous, vers le sud, pressées confusément comme un troupeau parqué entre les deux Tarn et les deux Gardon. Ces quatre torrents forment, par leurs sources rapprochées et par leurs confluents, un immense losange, dont quatre bourgs ou villes marquent les angles : Florac au nord, Ners au midi, Genouillac à l'orient, Saint-André-de-Valborgne à l'occident. Seulement, les montagnes qui débordent au nord cette enceinte de torrents, ne la remplissent pas au sud, et s'arrêtent à Anduze et à Alais, avant la jonction des deux Gardon. Les hautes Cévennes nous apparaissent comme un amas confus de montagnes profondément déchirées par les torrents, et dont les crêtes granitiques entourent, nues et hérissées, les trois vastes plateaux calcaires de l'Hôpital, de l'Hospitalet et du Cosse : le premier couvert de forèts, le second de pâturages, le troisième de céréales.
L'hiver, leurs cimes sont battues de vents impétueux et de tourbillons de neige ; l'été, elles sont sujettes à la brume, à la grêle, au tonnerre. Cinq ou six cents bourgs, hameaux, bergeries, sont disséminés dans leurs gorges, suspendus sur les torrents, perchés sur les rochers, dont le sentier escarpé, serpentant de l'un à l'autre, n'est accessible qu'au sabot agile du mulet. Parcourons les deux côtés du losange, jusqu'à son angle septentrional. Le Tarn, descendant du plateau de l'Hôpital, ombragé par la forèt de la Faus-des-Armes (hêtre de la bataille), arrose, deux lieues plus bas, le Pont-de-Montvert, trois hameaux jetés entre trois torrents et reliés par deux arcades.
Le Tarnon, sorti de l'Aigoal, baigne Vébron, gros bourg, Salgas, manoir féodal flanqué de quatre énormes tours. Il reçoit le Mimente, dont après les orages les eaux couleur de sang se mêlent difficilement avec les siennes, blondes comme une huile bourbeuse et passe sous Florac. Florac, petite ville murée, bâtie en pente au pied du Cosse, dont l'extrémité orientale, hérissée de rochers en forme de tours, figure les ruines d'une citadelle. De leur base, jaillit en bouillonnant, une source abondante et limpide, qui donne à la ville, qu'elle lave, le nom de Fleur d'eau (Flos aquaticus). Souillée de ses immondices, elle se jette dans le Tarnon, et un peu plus bas, avec lui, dans le Tarn, au Pré du Seigneur, que tant de torrents ne peuvent désaltérer, dit le proverbe, tant il. est vaste.
Remontons le Mimente, ce torrent des violettes (mimosensis), et par cette porte, pénétrons dans l'intérieur des hautes Cévennes. Voici d'abord la Salle-Montvaillant, Saint-Julien-d'Arpaon, puis Cassagnas et ses cavernes. Le torrent a sa source au Bougès, dont la cime septentrionale, couverte d'une forêt nommée Altefage (alta fagus), est couronnée de trois hêtres séculaires. A ses pieds, vers le nord, est Grisac, berceau du pape Urbain V. Errons dans cet inextricable labyrinthe de montagnes et de forêts. Parmi cette multitude infinie de hameaux, on ne compte guère d'un peu considérable que deux bourgs: Barre-des-Cévennes, au couchant, et, au levant, Saint-Germain-de-Carlberte. De Barre et de Saint-Germain coulent deux petits torrents dont le cours imite la bifurcation et les sinuosités des deux Gardon, qui embrassent les hautes Cévennes. L'occidental arrose Bousquet-la-Barthe, Maulezon, Sainte-Croix, Notre-Dame-de-Valfrancesque ou de la Victoire, ainsi surnommée d'une victoire remportée par Charles-Martel sur les Maures. Le prince franc fonda une chapelle à la Vierge, sur le champ de bataille, encore semé de tronçons d'armes et nominé le Ferroulant. Le ruisseau qui le baigne, joint le torrent oriental qui descend de Saint-Étienne, bourg muré, après quoi ces deux affluents forment un petit Gardon, qui prend son nom de Mialet où il passe pour se jeter plus bas dans celui d'Anduze. Cependant, les deux principaux Gardon, nés, celui d'Anduze, au camp de l'Hospitalet, celui d'Alais, près du Champ-Domergue, traversent, le premier, Saint-André-de-Valborgne, dont le nom exprime l'horreur de son site; le second, le Collet de Dèze, et descendent, impétueusement, en formant la ceinture méridionale des hautes Cévennes, qu'ils séparent du diocèse d'Alais, où ils vont se réunir.
Histoire de pasteurs du désert, 1685-1789, Volume 1 Par Napoléon Peyrat
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Créé par décret du 2 septembre 1970. Zone centrale: 91 279 hectares, 52 communes (Lozère et Gard), Population permanente: près de 600 âmes. Zone périphérique: 229 726 hectares. 117 communes (Lozère, Gard et Ardèche) et 41 000 habitants. Budget du parc en 1998: 31,8 millions de francs. 66 salariés permanents, une douzaine de non-titulaires, une vingtaine de saisonniers.
Jumelé depuis 1984 avec le parc national du Saguenay au Québec. Il est entré en 1985 dans le réseau international de réserves de la biosphère, lancé par l'Unesco. La réserve des Cévennes est jumelée avec celle de Montseny en Catalogne.
Parc de moyenne montagne: le Mont Lozère culmine à 1 699 mètres. Trois influences climatiques (océanique, méditerranéenne et continentale); diversité géologique (calcaire, granite et schiste). Plus de 1 600 espèces végétales: 35 espèces protégées et 21 espèces uniques au monde. La forêt a colonisé 58 000 hectares en zone centrale. 89 espèces de mammifères, 208 d'oiseaux, 35 de reptiles et batraciens, et 24 de poissons. Le parc national a réintroduit le cerf, le chevreuil, le castor, les vautours fauve et moine et le grand tétras.
Le Mt Lozère est à la base une masse de granité montée des entrailles de la terre voila quelque 280 millions d'années. Les hauts plateaux présentent des "sommets" aux sols froids et lessivés, des replats aux sols plus épais et cultivés par l'homme. Mais la première impression se résume à des chaos de blocs de granité éboulés soit sur une pelouse où poussent le nard - une graminée -, la fétuque, les myrtilles, la callune. soit dans des landes à genêts aux jaunes flamboyants lors de la floraison, au-dessus desquelles planent des rapaces qui traquent rongeurs, reptiles et insectes.Des paysages ras, sur lesquels s'abat un hiver presque aussi rude qu'au cercle arctique, parcourus de ruisseaux qui se rejoignent dans les vallées. Les eaux du Tarn s'écoulent ainsi paisiblement au milieu des pâturages et des tourbières. Jusqu'à 1 300 mètres d'altitude, des troupeaux de bovins, de la race Aubrac de plus en plus fréquemment, broutent à proximité de hameaux et de fermes traditionnelles maintenues en activité.La pauvreté ou la richesse des pâturages a toujours dépendu sur le Mont Lozère de la gestion de l'eau. L'irrigation a joué là un rôle considérable. On peut encore trouver trace des béais - des canaux - longs de plusieurs kilomètres qui permettaient de conduire l'eau jusqu'aux maisons, d'irriguer les prés et de faire tourner les moulins.
Un autre signe particulier du Mt Lozère tient à la présence des tourbières. On en a dénombré près de mille, dont certaines couvrent plusieurs dizaines d'hectares (tourbière des Sagnes). Ces "mares" acides héritières de l'époque glaciaire permettent à des mousses, des laiches ou au droséra, une plante carnivore, de se développer. Les grenouilles et des oiseaux migrateurs comme les chevaliers et les vanneaux apprécient également les tourbières qui, en absorbant de grands volumes d'eau pour la restituer assez progressivement, régulent, à leur niveau aussi, son cycle.
Le versant nord de la montagne du Bougés ne diffère guère dans sa configuration du Mont Lozère. Son versant sud en revanche prend des accents plus méridionaux avec des hameaux de schiste et des châtaigneraies.
Dans ces contrées, l'évolution de la végétation reflète pour une grande part l'histoire du pastoralisme et, inversement, de la présence de la forêt. Ainsi, les forêts de hêtres et de sapins qui peuplaient le Mt Lozère à l'époque gallo-romaine ont été détruites progressivement par les troupeaux. Mais depuis le début du XXe siècle, la lande, les pins et les bouleaux commencent à reconquérir les pâturages délaissés. l'ONF favorise aussi l'implantation de hêtres et de sapins. Les sangliers, cerfs et chevreuils ont colonisé ces forêts. Et sur le versant nord du Bougés, le parc national a réintroduit le grand tétras, disparu depuis deux siècles.
Pour mieux faire connaissance avec cette région, le parc national des Cévennes offre aux visiteurs la possibilité de faire une première étape à l'écomusée du Mont Lozère, dont le point central est situé au Pont-de-Montvert.
Randonnées dans les Cévennes
Les Cévennes offrent un choix royal aux marcheurs. Plus de 2000 kilomètres de sentiers balisés et jalonnés de gîtes d'étape et de chambres d'hôtes (chaque année, le parc national publie une fiche
réactualisée) et parfois d'auberges s'offrent aux amateurs.
- Les sentiers de grande randonnée: le GR®7 et ses variantes GR®70 Chemin Stevenson, GR®71 et GR®72, le GR®6 et ses deux variantes, le GR®60 le sentier de la grande draille et le GR®62, et enfin les GR®43 et GR®44.
- Les circuits de grande randonnée; parallèlement aux GR, ils constituent des itinéraires autour des principaux massifs: tour du Mont
Aigoual GR®66, 78 km, tour des Cévennes GR®67, 130 km, tour du Mt Lozère GR®68, 110 km, tour du Causse Méjean GR de pays, 100 km.
- Les sentiers de découverte du paysage, d'une durée de quelques heures et accessibles pratiquement à tous, ont été créés par le parc national. Un guide des randonnées du parc est en vente dans les
centres d'information.
- Les sentiers d'interprétation de la nature, avec tables explicatives.
- Les sentiers guidés du parc national: en été, au départ des centres d'information et sur inscription préalable, ils permettent, sous la conduite du personnel du parc, de mieux découvrir la région. "Le Parc National des Cévennes", Louisette Gouverne, Nathalie Locoste, Actes Sud Edition
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Les principales ressources du territoire vers 1950 étaient: élevage du bœuf dans les montagnes granitiques et basaltiques; élevage du mouton dans les montagnes calcaires avec transhumance en été; céréales dans la plaine du Velay et sur le plateau du Rouergue; châtaignes et marrons en Vivarais et en Rouergue; primeurs et fruits dans la vallée du Rhône; vigne en Bas-Languedoc; fromage de Roquefort.
Pour l'industrie: aciéries de Saint-Etienne et de ses satellites de la vallée du Gier; rubanerie de Saint-Etienne, Bourg-Argental, Anonnay; filatures et tissages de Mazamet, Castres et Lodève; peausserie de Millau et d'Annonay; dentelle du Puy en Velay. Enfin la soie qui, dans la dépendance de Lyon, occupe une partie de l'activité sur tout le versant oriental des Cévennes. Mais de même que la difficulté de trouver des bergers a entraîné la diminution progressive des troupeaux de moutons, de même, la cherté de la main-d'œuvre, qui a suivi la disparition des entreprises familiales, a entraîné la diminution rapide des magnaneries. La production en usines de la soie artificielle a relevé, tout en la modifiant totalement, cette industrie naguère si vivante.
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Vocabulaire. — Un certain nombre de mots du glossaire géographique, languedociens, sont d'usage courant: truc, sommet isolé; suc, suchet ou suquet, sommet arrondi; puech, py, puy ou pi, dôme souvent volcanique; baou, baousse, petit sommet; bar, barre, sommet en barre, du celtique barr, fermeture; caylard, cheylard, de kaïr, roc abrupt; cham, sommet; claps, clapas, éboulements de rochers; peyre, pierre (la Peyro Plantado, pierre plantée, non pas en menhir sacré mais en jalonnement utile dans les « sibères » ou tourmentes de neige); serre, serreyrède, montagne en barrière dentelée, sierra; causse, plateau calcaire; can, tout petit causse en placage sur les granits; avens ou tindouls, trous et gouffres d'absorption des eaux dans les Causses; baumes et spélunques, grottes; béai, béalière, petit canal d'irrigation; lavogne, dans les Causses, citerne à ciel ouvert recueillant les eaux de pluies pour la boisson des troupeaux, fou, sorgue, source, résurgence des eaux des plateaux calcaires; ratchs, tourbillons dans les rivières; plantai, bassin calme dû à une retenue des eaux; mas, maison; casaouet, cazalet, chazelle ou tchazelle, cabane ronde en pierre sèche à toit conique; draille ou draye, chemin de transhumance, situé sur les arêtes de partage des eaux.
Les derniers vautours fauves avaient été tués dans les années quarante... Trente ans plus tard, une poignée de naturalistes font le pari de réintroduire ces rapaces dans les gorges de la Jonte. En dépit des difficultés naturelles, et de réticences locales, l'opération a réussi. Elle est saluée dans le monde entier. Plus de deux cents vautours planent maintenant aux alentours du Causse Méjean.
L'histoire de quelques passionnés de la nature.
Au-dessus de la Jonte, les grands voiliers des airs planent avec la patience de l'azur. Portés par l'air
chaud. La nature se donne en spectacle en Lozère. Pour le plaisir des promeneurs des gorges, la danse lente des vautours fauves caresse l'éternité. Illusion anthropomorphique et poétique cependant.
Car pendant quatre décennies les falaises calcaires ne s'étaient fait l'écho que de l'absence des grands rapaces. Les derniers bouldras avaient été exterminés dans les années quarante, éliminés peu à
peu par le plomb des chasseurs ou la strychnine destinée aux renards, aux loups et autres carnassiers. Mais la folie des uns fut refoulée par celle des autres. Tués par les hommes un jour, les
oiseaux ont été sauvés par les hommes un autre jour.Le
territoire du parc national des Cévennes n'a donc pas été jusqu'à présent le théâtre de trop fortes contestations, et cela malgré une politique volontariste en matière de réintroduction. Il en serait
allé autrement si l'on avait réintroduit le lynx dans la région... La question s'est posée voilà quelques années. Le parc national a refusé de s'engager dans cette voie. Cependant, bon nombre de
naturalistes n'excluent pas de voir réapparaître spontanément le lynx et peut-être le loup en Cévennes, dans le Gévaudan où une bête bien trop humaine a terrorisé des
générations depuis le XVIIIe siècle. Les félins redoutés ont déjà gagné du terrain dans les Alpes et les loups ont franchi la frontière italienne pour s'installer dans le Mercantour...Réguler les populations animales
En 1995, cette menace n'est cependant pas le premier sujet de préoccupation des gestionnaires du Parc National des Cévennes qui conviennent aisément que les méthodes de réintroduction se sont affinées et que le suivi scientifique des animaux replacés sur un territoire qui doit leur convenir se fait plus précis.Pourtant, tout ne va pas pour le mieux dans un monde épargné par ces grands prédateurs. Il faut alors avancer sur un dossier délicat: les dégâts du gibier. Des dégâts causés par des hordes de sangliers et des bandes de cervidés (ces derniers ont été réintroduits par le parc), causant des préjudices graves aux exploitations agricoles et aux peuplements forestiers. Des animaux en parfaite santé et prolifiques, qui se sont multipliés ces dernières années dans certaines contrées des Cévennes, mais aussi dans de nombreuses régions de France. Une progression due à celle du milieu forestier, à la déprise agricole et qui se fait aux dépens du lièvre et de la perdrix.
Des responsables de l'établissement public l'ont écrit dans La Lettre du parc: c'est "une véritable épreuve pour les Cévennes". Ils ont donc décidé d'agir de façon exemplaire en impliquant toutes les parties prenantes dans la résolution de ce problème. Car la colère enfle quand des dizaines de sangliers labourent des parcelles cultivées, détruisent des bancels (terrasses cultivées) ou des béals..., que des chevreuils broutent des plantes protégées ou des essences feuillues utiles à la biodiversité. Agriculteurs, forestiers et protecteurs de la nature ont en effet de quoi alimenter leur rancœur contre des chasseurs qui ne seraient pas capables d'appliquer des plans de chasse et auraient fait du sanglier un "gibier roi" dont on aime garnir le congélateur.
Pour tenter de faire échec à cette surdensité d'animaux en certains endroits, le parc a donc voulu jouer la concertation. L'objectif global des mesures prises a été de "gérer la grande faune en intégrant tous les acteurs et les intérêts concernés". Pour le sanglier par exemple, on a allongé la période de chasse d'un mois, institué les tirs de régulation dans les zones interdites à la chasse - 17 % de la superficie de la zone centrale du parc - pour débusquer les femelles reproductrices, organisé des battues dites administratives, obligé les chasseurs à tenir un carnet de tir...
Pour revenir aux effectifs du début des années quatre-vingt-dix pour le cerf et le chevreuil, il a fallu également réguler les populations. Là encore, on a augmenté les plans de chasse, mis en œuvre des tirs de régulation, mais aussi commencé à mieux suivre l'évolution des populations massif par massif, en mesurant l'impact des cervidés sur la flore. Il s'agit encore de faire prendre un tour à la sylviculture en favorisant la régénération naturelle, en maintenant des fourrés d'herbacées et de ligneux pour gêner l'accès aux plants et augmenter la nourriture des cervidés... Convaincre les forestiers et notamment l'ONF (Office national des forêts) de revoir leurs méthodes n'est pas la chose la plus aisée.Cette "épreuve" du gibier est pour le parc l'occasion d'affirmer ou de réaffirmer certains principes de son action. L'un des objectifs principaux est bien évidemment de sauvegarder les équilibres écologiques en favorisant l'évolution des milieux, mais sans oublier de tenir compte de la présence de l'homme. Autrement dit, il ne peut y avoir aucune sensiblerie autour de la question de la régulation des animaux.
Cette explosion des populations de sangliers et de cervidés a sans doute compté pour précipiter la décision de faire une "pause" dans la politique de réintroduction d'espèces sauvages. En 1995, le directeur du parc, Guillaume Benoît, affirmait que l'on était à un tournant. "Nous n'avons plus de projet de réintroduction, nous ne remettrons pas de gelinottes dans la nature."Les derniers animaux réintroduits auront été les grands tétras (six cents individus jusqu'en 1994). Le gestionnaire explique que c'est la fin d'une approche emblématique. "Notre vrai métier est de raisonner en habitats et plus seulement en espèces." Explication: le grand tétras, par exemple, ne peut se satisfaire de n'importe quelle forêt. Et il n'apprécie pas du tout par exemple les hordes de chercheurs de champignons. On ne peut donc songer à le réintroduire si l'on ne peut lui offrir un milieu qui lui convienne.Le successeur de Guillaume Benoît, Gérard Moulinas, installé en février 1998, ne devrait pas revenir sur cette option, fidèle au concept européen de Natura 2000.
Il faut en être enfin convaincu; sous nos latitudes il n'existe plus et ne peut plus exister de lambeau de nature vierge. Serait-ce même le cas dans une réserve intégrale de quelques hectares ? Dans un parc national à la française ou dans un espace protégé, le chemin des animaux que l'on voudrait sauvages croise toujours à un moment donné celui des hommes. Pour le pire ou le meilleur, comme le prouve le destin d'une colonie de vautours fauves... "Le Parc National des Cévennes", Louisette Gouverne, Nathalie Locoste, Actes Sud Edition
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