Faisant le plus grand sacrifice possible pour Dieu, il se sépara de sa famille le 15 janvier 1890 pour entrer le lendemain au monastère trappiste de Notre-Dame-des-Neiges. |
Dates importantes dans la vie du frère Charles 15 septembre 1858 Naissance à Strasbourg, 30 octobre 1876 Entrée à l'école de Saint-Cyr pour les officiers, 10 juin 1883-1884 Reconnaissance au Maroc, fin octobre 1886 Conversion, 16 janvier 1890 Rejoint les Trappistes à Notre Dame des Neiges (France), 11 juillet 1890 Arrive au monastère trappiste d'Akbes (Syrie), 23 janvier 1897 Quitte les Trappistes, 10 mars 1897 Serviteur des Pauvres Clarisses à Nazareth, 9 juin 1901 Ordination au sacerdoce, 28 octobre 1901 Arrive à Beni-Abbes (Algérie), 11 août 1905 Commence à vivre à Tamanrasset (Ahaggar - Algérie), 1er décembre 1916 Assassiné à Tamanrasset.
Sa première vie 1854 - 1864
Il est né dans une famille chrétienne riche : "... Mon Seigneur Jésus... moi, le fils d'une mère sainte, qui m'a fait te connaître, t'aimer et te prier, dès que j'ai pu comprendre un mot..." Retraite à Nazareth
Exode vers Nancy 1870 - 1873
Il a connu la souffrance d'être orphelin. Ses deux parents sont morts avant ses 6 ans. Il a été accueilli par son grand-père qui l'aimait tendrement. De lui, il a hérité les dons de sympathie et de générosité, d'amour pour sa famille et pour son pays, ainsi que l'amour de l'étude, du silence et de la nature. Il a connu la souffrance de la guerre de 1870, de l'invasion de sa ville dont lui et sa famille ont dû partir. Ils se sont réfugiés à Nancy. C'est là qu'il a fait sa Première Communion, très fervemment, soutenu par la foi de sa famille, en particulier celle de son grand-père et de sa cousine Marie, pour qui il avait une grande admiration. Elle l'a aidé par sa gentillesse et sa compréhension tout au long de ses années errantes et pendant sa vie religieuse. Il est allé à l'école au Lycée de Nancy.
"Si j'ai travaillé un peu à Nancy, c'est parce qu'on me permettait de lire beaucoup de choses qui m'ont donné le goût des études. Mais ces lectures, comme tu le sais, m'ont beaucoup fait de mal." Lettre à Marie de Bondy
Poursuite des études à Sainte-Geneviève à Paris 1874 - 1876
Il a commencé à perdre peu à peu sa foi. En 1874, il est devenu pensionnaire chez les Jésuites à Paris, étudiant la philosophie. "Si seulement tu connaissais toutes les objections qui me tourmentaient... Les enfants sont jetés dans le monde sans leur donner les armes nécessaires pour combattre les ennemis... de nombreux ennemis les attendent alors qu'ils entament leur adolescence. Les philosophes chrétiens ont clairement résolu toutes ces questions que les jeunes se posent fiévreusement, sans réaliser que la réponse est là, pleine de lumière et de clarté, si proche de lui..." Lettre à Marie de Bondy (écrite après sa conversion)
"Je n'ai pas eu de mauvais professeurs - en fait, ils étaient tous très respectueux. Même ceux-ci, cependant, font du mal parce qu'ils sont neutres. Les jeunes ont besoin d'être instruits non par des professeurs neutres mais par des personnes croyantes et saintes. Et plus encore, par des enseignants qui connaissent les choses religieuses, sachant comment expliquer leurs croyances et inspirer aux jeunes une ferme confiance dans la vérité de leur foi..." Lettre à Raymond de Blic
Élève à Saint-Cyr - 1876
Comme il voulait se préparer à une carrière militaire, il est entré à l'école de Saint-Cyr pour les officiers. Ce furent des années paresseuses. Il travaillait à peine, menait une vie solitaire, flânait, se délectait d'œuvres littéraires. Il ne trouvait pas de sens à sa vie. Réfléchissant sur cette période, en août 1901, il écrivit à Henry de Castries : "J'ai vécu pendant 12 ans sans nier ni croire quoique ce soit, désespérant de la vérité et ne croyant pas en Dieu car il ne semblait y avoir aucune preuve évidente de son existence. Je vivais comme si la dernière étincelle de foi s'était éteinte".
1878 La mort de son grand-père
Il avait 19 ans. Il a écrit : "J'étais tellement attristé par la perte de mon grand-père, dont j'admirais l'intelligence, dont la tendresse infinie entourait mon enfance et ma jeunesse d'une atmosphère d'amour. La chaleur que je peux encore ressentir avec émotion. C'était une très grande tristesse. Même maintenant, 14 ans plus tard, je le ressens toujours..." Lettre à Henry Duveyrier
Cette mort fut un tournant pour Charles et il commença à dériver. Dans le désespoir, il se laissa aller, se négligea, alla de fête en fête, gaspillant l'argent que son grand-père lui avait laissé. Sa famille était bouleversée. Cependant, il termina ses études à l'école de cavalerie de Saumur à l'âge de 20 ans. Il fit un bref passage dans l'armée.
Le début d'un voyage intérieur Plus tard, à Nazareth, alors qu'il revenait sur ces années, il écrivit : "Je m'éloignais de plus en plus de toi, Seigneur, et de ma vie. Ainsi, ma vie commença à être une mort, ou plutôt à tes yeux elle était déjà morte. Et dans cet état de mort, tu me préservais encore. Tu préservais dans mon cœur les souvenirs passés, le respect pour ce qui est bon, un attachement, qui semblait mort comme un feu sous la cendre mais qui était toujours vivant, envers des personnes merveilleuses, saintes, le respect pour la religion catholique et pour les religieux. Ma foi avait disparu, mais le respect et l'estime étaient restés intacts. J'ai fait des choses mauvaises mais je ne les approuvais ni ne les aimais. Tu me faisais ressentir un vide douloureux, une tristesse que je n'avais jamais ressentie auparavant. Elle revenait chaque soir quand je me retrouvais seul dans mon appartement. Elle me rendait muet et lourd pendant les prétendues festivités que j'avais organisées, mais pendant lesquelles, quand le moment était venu, je restais silencieux, dégoûté et extrêmement ennuyé..."
Voyage au Maroc 1883 - 1884
Il se prépara pour ce voyage, à travers ce pays qui était alors fermé, en étudiant sérieusement, en apprenant tout ce qui était nécessaire pour réaliser ses projets. Il prit contact avec le rabbin Mardochée qui accepta de jouer le rôle de guide. Il se déguisa en pauvre rabbin juif d'Europe centrale. Ce fut une véritable expédition scientifique pleine de dangers qui fut très réussie. Il remporta une médaille d'or de la Société Géographique. Pendant le voyage, il tomba amoureux du Maroc. Il fut touché par l'accueil que les gens lui ont réservé, par leur foi en Dieu indépendamment de ce que pensent les gens, et par leur prière.
Au plus profond de lui-même, lorsqu'il revint du Maroc, il n'était pas satisfait. En 1901, il écrivit ce qui suit à Henry de Castries : "Quand j'étais à Paris, faisant imprimer mon voyage au Maroc, je me suis retrouvé avec des gens très intelligents, vertueux et chrétiens. Je me suis dit que peut-être cette religion n'est pas si absurde que ça. En même temps, j'ai ressenti une grâce intérieure très forte. J'ai commencé à aller à l'église, même si je ne croyais pas. C'est seulement là que je me sentais à l'aise, j'ai passé de longues heures à répéter cette étrange prière : Dieu, si tu existes, fais-moi te connaître".
La lumière d'octobre 1886
Suivant les conseils de sa cousine, il alla voir le père Huvelin, directeur spirituel connu et apprécié. Ce fut une rencontre très décisive : "En me faisant entrer dans un confessionnal un des derniers jours d'octobre entre le 27 et le 30, je pense que tu m'as donné tout ce dont j'avais besoin, ô mon Dieu ! S'il y a de la joie au ciel quand un pécheur se convertit, il y avait certainement de la joie ce jour-là où je suis entré dans ce confessionnal ! Ô jour béni ! Ô jour de grandes bénédictions ! J'ai demandé des leçons religieuses, il m'a dit de m'agenouiller, m'a fait confesser mes péchés et m'a envoyé communier, comme ça". Retraite à Nazareth
Tout au long de sa vie, Charles est resté en étroit contact avec le père Huvelin, devenu son "père spirituel".
Voyage spirituel de 1886 à 1889
Une phrase utilisée par le père Huvelin dans un sermon le fascinait : "Notre Seigneur a vraiment pris la dernière place, personne ne pouvait la lui prendre". Il ne pensait qu'à suivre le chemin de Jésus le pauvre. Le père Huvelin lui conseilla d'aller en pèlerinage en Terre Sainte. Cela l'aida à découvrir le visage de Jésus. Il le rencontra à Bethléem, à Jérusalem, au Calvaire dans le mystère de sa souffrance. Enfin, à Nazareth, il réalisa que pendant 30 ans Jésus y avait vécu en tant qu'artisan pauvre du village. Nazareth resterait pour le reste de sa vie une recherche constante dans l'imitation de Jésus qui le mènerait toujours plus loin.
"Dès que j'ai cru qu'il y avait un Dieu, j'ai compris que je ne pouvais rien faire d'autre que de vivre pour Lui. Ma vocation religieuse est venue en même temps que ma foi. Dieu est si grand ! Il y a une telle différence entre Dieu et tout ce qui n'est pas Lui. Je ne sentais pas que je devais imiter sa vie publique de prédication ; je devais alors imiter la vie cachée du pauvre humble travailleur de Nazareth. La vie trappiste semble plus proche de cela que toute autre vie." Lettre à Henry de Castries
Faisant le plus grand sacrifice possible pour Dieu, il se sépara de sa famille le 15 janvier 1890 pour entrer le lendemain au monastère trappiste de Notre-Dame-des-Neiges. Ainsi, comme l'avait dit le père Huvelin, Il a fait une affaire d'amour de la religion.
Ses années en tant que trappiste 1890 - 1897
On lui donna le nom de Frère Marie-Albéric. Quelques mois plus tard, il fut envoyé au monastère trappiste d'Akbes en Syrie. Il y était très heureux et aimait le travail qui le rapprochait de Jésus de Nazareth. Les frères qui le connaissaient là-bas disaient qu'il était un modèle d'obéissance à la règle. Mais sa nostalgie pour Nazareth revint...
Serviteur des clarisses à Nazareth 1897 - 1900
À sa demande, il quitta les Trappistes en février 1897. Ses supérieurs avaient reconnu qu'il avait une vocation différente et personnelle... exceptionnelle. Poussé par sa recherche passionnée d'imiter Jésus de Nazareth, il partit pour la Terre Sainte afin de mener là où Jésus avait vécu une vie de prière, de travail humble et de cachette. Pendant trois ans, il fut servant chez les Pauvres Claires à Nazareth. Il vécut une vie de pauvreté dans une cabane. Il passait de longues heures en adoration silencieuse du Saint-Sacrement et méditait sur les Écritures. Peu à peu, il comprit très fortement qu'aimer Jésus, c'est entrer dans son œuvre de Sauveur et devenir, en le suivant, le frère de tous, surtout de ceux qui ne connaissent pas encore l'amour du Christ.
"Mon Seigneur Jésus, celui qui t'aime de tout son cœur se fera bientôt pauvre, car il ne supportera pas d'être plus riche que son bien-aimé. Mon Seigneur Jésus, celui qui réfléchit que tout ce qui est fait pour le plus petit de tes créatures est fait pour toi, et que tout ce qui est refusé te sera également refusé, s'efforcera de réconforter tous ceux qui croisent son chemin. Celui qui prend tes paroles avec une foi simple se fera rapidement pauvre. 'Si tu veux être parfait, vends tout ce que tu as et donne aux pauvres'. Pour moi, il n'est pas possible de dire 'Je t'aime' sans ressentir un désir irrésistible de t'imiter, et surtout de partager toutes les douleurs... et les difficultés de ta vie. Pour moi, il n'est pas possible, ô mon Dieu, d'être riche, à l'aise et de profiter d'une vie prospère, quand tu étais pauvre, en lutte, vivant péniblement. Je ne peux pas aimer ainsi". Retraite à Nazareth
Ordination sacerdotale 1901
Jusqu'à présent, il ne voulait pas être prêtre parce qu'il craignait que cela ne l'éloigne de son idéal de pauvreté et de dernière place. Mais afin d'amener Jésus aux plus délaissés, et par amour pour l'Eucharistie ainsi que par amour des âmes, il accepta l'ordination à l'âge de 43 ans. Où et comment pourrait-il maintenant vivre en imitation de Jésus de Nazareth ? "Je dois maintenant vivre cette vie de Nazareth non pas en Terre Sainte si chère à mon cœur, mais parmi des personnes spirituellement malades et celles qui sont les plus délaissées. Ce banquet divin dont je suis maintenant le ministre, je dois maintenant le présenter non pas à mes frères, ma famille ou mes riches voisins, mais à ceux qui boitent le plus, ceux qui sont aveugles, pauvres, à ceux qui sont les plus abandonnés et n'ont pas de prêtre."
Beni-Abbes 1901
"Je viens d'être ordonné prêtre et je me prépare à partir pour le Sahara afin de continuer la vie cachée de Jésus de Nazareth, non pas pour prêcher mais pour vivre dans la solitude la pauvreté et le travail humble de Jésus, tout en essayant de faire du bien aux âmes, non pas par la parole mais par la prière, en offrant la sainte Messe, par la pénitence et la pratique de la charité". Il partit alors pour le Sahara et s'installa à Beni-Abbes, près de la frontière avec le Maroc qu'il aimait et vers lequel tous ses désirs tendaient. Au milieu de cette population isolée, il voulait vivre une vie de prière et d'adoration centrée sur la présence de Jésus dans l'Eucharistie. Mais il voulait aussi être là en tant que frère de tous, totalement disponible. "Quand on aime, on veut parler sans cesse à l'être aimé, ou du moins le regarder sans cesse ; la prière n'est autre chose : une conversation familière avec notre Bien-Aimé. On le regarde, on lui dit qu'on l'aime, on se réjouit d'être à ses pieds, on veut y vivre et y mourir".
Il écrivit à l'évêque Guérin : "Les pauvres soldats viennent toujours vers moi. Les esclaves se pressent dans la petite maison que nous avons construite. Les voyageurs se rendent directement à la 'fraternité'. Il y a beaucoup de pauvres... chaque jour, il y a des invités pour le dîner, pour dormir, pour le déjeuner..." Il écrivit à sa cousine Marie de Bondy : "Je veux que tous les habitants, chrétiens, musulmans et juifs, s'habituent à me voir comme leur frère. Ils commencent à appeler cette maison la fraternité et c'est si bon à entendre". Il dénonçait l'injustice de l'esclavage, en parlait inlassablement à des amis qui avaient de l'influence. "Nous devons aimer la justice et détester l'iniquité, et lorsque le gouvernement commet une grave injustice envers ceux qui sont sous notre responsabilité, nous devons réagir... nous n'avons pas le droit d'être des sentinelles endormies, des chiens de garde muets, des pasteurs indifférents". Lettre à Dom Martin
Attentif aux événements
Lorsqu'il choisit Beni-Abbes, Frère Charles alla aussi loin qu'il put, mais la route menait au sud vers le pays Touareg dans l'Ahaggar, là où aucun autre prêtre ne pouvait aller. Son ami Laperrine lui écrivit longuement à ce sujet en juin 1903. Il parla du témoignage merveilleux d'une femme Touareg Tarichat Oult Ibdakane, après une bataille : "Elle est contre le fait de tuer ceux qui ont été blessés. Elle les a pris chez elle pour en prendre soin, refusant de laisser Attici entrer lorsqu'il revenait blessé de la bataille, car il voulait les tuer lui-même. Lorsqu'ils allaient mieux, elle les a rapatriés à Tripoli".
Frère Charles admira ce geste et ressentit au fond de lui un appel, bien qu'avec un certain regret, à quitter Beni-Abbes. Il écrivit au père Huvelin : "Je sens de plus en plus cet appel, malgré mes raisonnements et l'horreur que je ressens à quitter Beni-Abbes".
Le 13 janvier 1904, il partit pour la partie montagneuse de l'Ahaggar qui se trouve tout au sud de l'Algérie. "Il est nécessaire de traverser le désert et d'y rester pour recevoir la grâce de Dieu. En lui, il y a un dépouillement de soi, un abandon de tout ce qui n'est pas Dieu en soi, un vide complet de son âme pour laisser toute la place à Dieu seul... Les Hébreux ont traversé le désert, Moïse y a vécu avant de recevoir sa mission, saint Paul, venant de Damas, est passé par l'Arabie. C'est indispensable. C'est un temps de grâce. C'est une période que chaque âme voulant porter du fruit doit traverser nécessairement. Le silence est nécessaire, cette recollection, cet oubli de toute création où Dieu construit son Royaume et forme l'esprit intérieur - la vie intime avec Dieu - la conversation de l'âme avec Dieu dans la foi, dans l'espérance et dans la charité... Plus tard, l'âme porte du fruit dans la mesure exacte où elle s'est formée intérieurement..." Lettre au père Jérôme.
Arrivée à Tamanrasset 1905
Après un voyage d'environ 1 500 km à travers le désert pendant un an, il fit la connaissance des Touaregs. Il fut accepté par Moussa Ag Amastane, le chef de l'Ahaggar. Il s'installa à Tamanrasset. Au fil des années, les deux devinrent de grands amis. Les longues marches qu'il faisait lui permettaient de connaître la vie du peuple et d'être proche d'eux. Il apprit leur langue et travailla beaucoup dessus par respect et amour de leur culture. Petit à petit, Frère Charles transcrivit les poèmes qui étaient chantés autour du feu le soir pour transmettre l'histoire et l'"âme" du peuple touareg. Dassine, une célèbre poétesse des campements de l'Ahaggar, apporta une collaboration précieuse à ce travail. Il considérait tout le monde comme son frère et comme on le raconte de lui, il dit un jour à un ami protestant : "Je suis sûr que Dieu accueillera au paradis les personnes bonnes et honnêtes. Ils n'ont pas besoin d'être catholiques romains. Tu es protestant, d'autres sont incroyants, les Touaregs sont musulmans. Je suis sûr que Dieu nous accueillera tous si nous le méritons".
Vivant parmi eux, il devint membre de leur famille. Les gens venaient souvent lui demander conseil. Il comprenait les espoirs que ses amis avaient pour de meilleures conditions de vie. Il cherchait comment les aider. Il partageait tout ce qu'il avait pendant la famine de 1906-1907. C'est alors qu'il tomba gravement malade. Il dut toucher le fond pour que les Touaregs puissent l'aider, lui offrant du lait de chèvre qu'ils devaient aller chercher assez loin à cause de la famine. Les rôles s'inversèrent et à partir de ce moment, l'amitié entre Charles et les Touaregs se renforça.
Petit frère de Jésus Depuis un certain temps, il sentait qu'une nouvelle famille religieuse devait être fondée. Mais il était seul. En 1904, il écrivit à Suzanne Perret : "À moins que le grain de blé ne tombe en terre et ne meure, il reste seul. Je ne suis pas mort, donc je suis seul. Priez pour ma conversion afin que, en mourant, je porte beaucoup de fruits... Jésus veut que je travaille à construire cette double famille (Petits Frères et Petites Sœurs). Comment puis-je travailler à cela ? En m'offrant moi-même, en mourant, en me sanctifiant, en l'aimant... Notre Seigneur est pressé. Cette vie cachée de Nazareth, si pauvre, si abjecte et recueillie, n'est pas imitée".
Dans son journal de 1909, rappelant une conversation avec le père Huvelin, il note : "Mon apostolat doit être celui de la bonté. Quand on me voit, les gens doivent dire 'puisque cet homme est bon, sa religion doit être bonne'. Et s'ils me demandent pourquoi je suis doux et bon, je dois dire 'parce que je suis le serviteur de Celui qui est mille fois meilleur que moi. Si seulement vous saviez à quel point mon Maître Jésus est bon !... Je veux être si bon que les autres diront : si le serviteur est comme ça, à quoi ressemble son Maître ?' 'Atteindre l'amour de Dieu en aimant notre prochain. Ces deux amours vont de pair. Grandir dans l'un, c'est grandir dans l'autre. Comment acquérir l'amour de Dieu ? En pratiquant la charité envers les autres êtres humains'. Lettre à Louis Massignon.
Trois fois Frère Charles est retourné en France. Il a vu sa famille, mais surtout il est allé faire connaître une association laïque qu'il souhaitait créer. Il a vu l'importance du rôle des laïcs dans l'évangélisation. Cette association avait un triple objectif :
-
une vie à l'image de l'Évangile, pour guider les chrétiens vers une vie conforme à l'Évangile en imitation du "Modèle unique" ;
-
une vie eucharistique, pour développer en eux le sens du sacrement de l'amour ;
-
une vie apostolique, pour aller vers les non-chrétiens.
"Nous faisons le bien non pas par ce que nous disons ou faisons, mais par ce que nous sommes, dans la mesure où Jésus est en nous", dit le Directoire de l'Union des Frères et Sœurs du Sacré-Cœur.
Le grain de blé tombe en terre, le 1er décembre 1916
"C'est lorsqu'il fut réduit à rien que Notre Seigneur Jésus sauva le monde..." écrit-il dans une lettre à Mgr Guérin.
Faisant sienne cette conviction de foi, il écrivit à sa cousine Marie de Bondy le matin du 1er décembre : "Être réduit à rien est le moyen le plus puissant que nous ayons de nous unir à Jésus et de faire du bien aux autres".
Les répercussions de la Première Guerre mondiale touchèrent l'Ahaggar. La région devint instable. Le soir du 1er décembre, lors d'une attaque menée par des rebelles, Frère Charles se laissa prendre sans résister, fut attaché, volé, puis tué. Il accueillit sa propre mort en véritable disciple de Celui qui était resté silencieux pendant sa Passion. Très seul, sans même un disciple pour poursuivre sa mission. Depuis 1929, son corps repose à El Golea.
Dans un extrait de sa méditation de Jean 19 verset 30 : "Inclinant la tête, il rendit l'Esprit", nous lisons : "Mon Seigneur Jésus, tu es mort. Tu es mort pour nous ! Si nous le croyons vraiment, nous devrions vouloir mourir, mourir en martyr ; accepter la souffrance dans la mort au lieu d'en avoir peur ! Peu importe la raison pour laquelle on nous tue, si nous recevons cette mort injuste et cruelle comme un don béni de toi, rj nous te remercions pour cela comme pour une grâce douce, comme une imitation bénie de ta fin... La raison pour laquelle on nous tue n'aura pas d'importance, nous mourrons par amour pur et notre mort sera un sacrifice qui te plaira. Si ce n'est pas du martyre au sens strict du terme et aux yeux du monde, ce le sera à tes yeux. Ce sera une image très parfaite de ta mort et une fin aimante qui nous conduira directement au ciel.
Je pense qu'il n'y a pas une parole de l'Évangile qui m'ait fait une impression plus profonde et transformé ma vie que celle-ci : Tout ce que vous faites à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous le faites" (Mt 25:40). Si nous croyons que ce sont les paroles de la Vérité incréée, de Celui qui a dit : "Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang"... nous devons, de toutes nos forces, chercher et aimer Jésus en ces "petits", en ces pécheurs, en ces pauvres..." Lettre à Louis Massignon.
"Père, je m'abandonne entre vos mains ; faites de moi ce qu'il vous plaira. Quoi que vous fassiez, je vous en remercie. Je suis prêt à tout, j'accepte tout. Que votre volonté soit faite en moi et en toutes vos créatures. Je ne souhaite rien de plus, Ô Seigneur. Entre vos mains je remets mon esprit, je vous l'offre avec tout l'amour de mon cœur, car je vous aime, Seigneur, et j'ai besoin de me donner, de m'abandonner entre vos mains, sans réserve et avec une confiance illimitée, car vous êtes mon Père."
Frère Charles de Jésus "La présence au Christ dans l'Eucharistie et la présence au Christ dans les pauvres ; voilà les deux piliers de la vie du Frère Charles, et ils sont liés ensemble. Il a renoncé à essayer de vivre cette vie en Terre Sainte car il se sentait poussé à "vivre Nazareth dans un endroit où cela serait le plus utile à ses voisins. Il est parti dans le désert sur une voie de foi nue et d'espérance pure. Il s'est donné à une tâche difficile. Il était seul sur une longue et difficile route - dont il savait qu'il n'en verrait jamais la fin : préparer les cœurs des gens à mieux connaître et aimer Dieu. Ainsi, il a inauguré dans l'Église une nouvelle façon de vivre les conseils évangéliques en partageant la vie des pauvres." D'un Petit Frère de Jésus
En suivant Frère Charles de Jésus, les chrétiens de tous pays, de toutes cultures, ont entendu et entendent toujours cet appel à une vie évangélique. Ainsi, des communautés et des associations de prêtres, religieux, laïcs, sont nées et forment la Famille Spirituelle de Charles de Jésus. Les représentants de ces communautés et associations se réunissent une fois par an et témoignent ainsi, par leur diversité, de l'unité de leur mission. L'Esprit qui animait Frère Charles de Jésus vit toujours dans l'Église pour et à travers les hommes et les femmes d'aujourd'hui.
Ancien hôtel de villégiature avec un jardin au bord de l'Allier, L'Etoile Maison d'hôtes se situe à La Bastide-Puylaurent entre la Lozère, l'Ardèche et les Cévennes dans les montagnes du Sud de la France. Au croisement des GR®7, GR®70 Chemin Stevenson, GR®72, GR®700 Voie Régordane (St Gilles), GR®470 Sources et Gorges de l'Allier, GRP® Cévenol, Montagne Ardéchoise, Margeride. De nombreux itinéraires en boucle pour des randonnées et des sorties à vélo d'une journée. Idéal pour un séjour de détente et de randonnée.
Copyright © GR®70-stevenson.com