Les Cévennes et son Parc National entre Auvergne et Languedoc, sur les départements de la Lozère, de l'Ardèche, du Gard et de l'Aveyron. |
Ce sont des lieux de mémoire du combat protestant contre les troupes de Louis XIV. A la suite de la révocation de l'Edit de Nantes octroyé un siècle plus tôt par Henri IV, la Cévenne prend feu et de très durs combats ont lieu d'Aigues-Mortes au Mont-Lozère. La maison de Roland à Mialet témoigne de cette cruelle épopée et un pèlerinage en cette Maison du souvenir (Mialet est tout près d'Anduze) ne peut que pénétrer l'âme de celui qui souhaite s'introduire aux mystères de l'aventure camisarde.
Ariens, vaudois, cathares, huguenots, jamais jusqu'à ce jour le Languedoc n'a accepté le penser unique. Un parcours farouche dans un pays à jamais rebelle. Le Languedoc n'a pas attendu le XVI- siècle ni Calvin pour basculer dans l'opposition à l'orthodoxie et plus encore à la « Francité » nordique.
Déjà sa « capacité d'hérésie » s'était manifestée dès les premiers siècles après Jésus-Christ lorsque les Wisigoths arianisent la moitié sud de la Gaule romaine. Meyrueis, par exemple, se trouve sous la domination d'un comte wisigoth au début du Vème siècle.
Cette mainmise arienne (doctrine très dichotomique qui veut un Dieu à jamais divin et un christ totalement humain), bousculée à plusieurs reprises par les Francs de Clovis (victoire de Veuille en 507), va néanmoins se maintenir en Languedoc dans l'ancienne Septimanie romaine dont Meyrueis, Florac et la Vallée Borgne, au moins jusqu'à l'arrivée des Sarrasins qui envahissent notre région vers les années 720 et s'y maintiennent pendant quatre-vingts ans jusqu'à Pépin le Bref et Charlemagne. Ce dernier les 171; repassera » manu militari en Espagne, libérant notamment Barcelone dont il fait un comté franc, « marche » qui englobe tout le bas Languedoc (Gévaudan inclus) et la Catalogne.
La reconquête spirituelle de notre territoire par le catholicisme s'est faite au travers des monastères bénédictins, implantés rationnellement aux IX et X" siècles (cf Saint-Guilhem, Aniane, Nant...). Mais cette implantation, cette occupation du terrain quasi conquérante, est ressentie par les populations languedociennes comme une occupation étrangère, germanique et barbare. Le Languedoc indépendantiste renâcle...
Deux nouvelles hérésies vont se partager les faveurs de l'irrédentisme régional: le valdéisme (parti de Lyon et qui se répand en Vivarais, en Cévennes et dans toute la Provence) et, bien entendu, le catharisme, davantage centré sur l'axe Carcassonne, Albi, Toulouse.
Pierre Valdès (né vers 1150), gros marchand lyonnais, tel Saint François d'Assise, se convertit soudainement, vend tous ses biens (si vis perfectus esse...) et part prêcher sur les routes. L'Eglise officielle voit cette démarche d'un très mauvais œil, d'autant que les disciples valdéistes, plus royalistes que le roi, accusent cette même Eglise et son clergé d'être un suppôt du diable, d'avoir totalement oublié la pauvreté évangélique et d'occulter les textes qui « gênent ». Or, comme « obedere opportet magis deo quam hominibus », les valdéistes prêchent un retour aux sources du christianisme et à l'Evangile en dehors de toute structure ecclésiastique. Pourchassés très vite de toutes parts, ils se cachent, notamment en Piémont et dans les vallées cévenoles où ils vont ensemencer le terrain de la future Réforme, bien proche dans ses prémices du valdéisme.
Car celle-ci, apparue au milieu du XVI siècle en Languedoc, va se répandre comme une traînée de poudre à travers toute la Cévenne et le Bas et Haut Languedoc. Le parti huguenot très vite se trouve des seigneurs, des armées, des villes fortes, bastions extorqués ou concédés par le pouvoir au gré des traités signés pendant tout le XVI" siècle. Les tueries s'organisent de part et d'autre. Le Gévaudan, ainsi, est mis en coupe réglée par le capitaine Merle qui (en toute simplicité) détruit pierre par pierre la cathédrale de Mende, la ville de la Canourgue tandis que le parti catholique met à sac Marvejols et massacre à qui mieux mieux ceux de la « Religion » comme à Vassy en 1562 ou à la Saint Barthélémy (1572).
Le Languedoc, déjà très éprouvé par la guerre de Cent Ans et la Grande Peste, épuise ses dernières réserves dans ces luttes fratricides à forte connotation politique et sociale.
Bien que l'Édit de Nantes de Henri IV (1598) calme le jeu provisoirement, les méfiances persistent et l'utilisation politique des antagonismes religieux reste fréquente. Le démantèlement des places fortes protestantes sera l'œuvre de Richelieu (siège de la Rochelle puis traité d'Alès en 1630). Meyrueis, elle-même, subira l'ire de l'armée catholique et royale en voyant son château (du Rocher) rasé et les tours des châteaux de Roquedols et d'Ayres décapitées en guise d'humiliation.
Ainsi à la fin du règne de Louis XIII le protestantisme se retrouve sans point d'appui autre que sa conviction intérieure et sa liberté de pratique. L'Édit de Nantes est déjà passablement rogné.
La persécution du protestantisme en France trouve son répondant en Angleterre où les catholiques minoritaires (ainsi que les Irlandais) sont pourchassés. Charles 1er d'Angleterre est décapité en 1649 par Cromwell et ses troupes de presbytériens... La leçon sera reçue en France. Louis XIV, n'entendant pas subir le même sort, va mettre en place tout un système de contraintes en vue de réduire (voire d'éradiquer) cette Religion Prétendument Réformée (interdiction d'exercer certains métiers, de prendre des apprentis, de célébrer le culte en dehors de lieux fermés, d'enterrer les morts entre six heures du matin et sept heures du soir...).
Ainsi, dès les années 1660-1670, des bourgeois, des artisans commencent à émigrer vers le Palatinat, le Wurtemberg, la Savoie où ils retrouvent leurs frères vaudois. Le Languedoc se vide progressivement de sa force économique, souvent protestante. On a pu évaluer cette émigration à 300.000 personnes. En Cévennes et dans l'arrière-pays languedocien demeure surtout le protestantisme rural, farouche et pauvre, reclus dans ses vallées.
Vers les années 1680, les conversions forcées s'accélèrent, surtout dans les villes comme Nîmes et Montpellier. En campagne, les dragons du roi cantonnent dans les bourgs protestants, « missionnaires » musclés d'un catholicisme à tendance hégémonique.
C'est en 1685, sous l'influence de la marquise de Maintenon, que Louis XIV, décidant qu'il n'y avait plus lieu de permettre au protestantisme de s'exercer puisqu'il n'y avait plus de protestants (c.q.f.d.), révoque l'Edit de Nantes et décide d'opérer la destruction de tous les temples puisqu'ils ne peuvent plus servir à rien !
Dans notre région, la conduite des opérations est confiée à l'Inspecteur des Missions en Cévennes, l'abbé du Chayla, chargé de convertir ou d'arrêter les récalcitrants, notamment « ceux qui empêchent d'aller à la messe », les « chanteurs de psaumes », les « pasteurs et séditieux ». Dure besogne ! souvent militaire ou policière. La charité chrétienne a bien du mal à y trouver sa place...
L'abbé du Chayla, maître d'œuvre de ce grand nettoyage, emprisonne et torture en tout bonne conscience dans son quartier général du Pont-de-Montvert pour obtenir ces fameuses « ultimes » conversions. Il est attaqué et tué en 1703 par Esprit Seguier, décidé à délivrer les prisonniers de l'abbé. C'est cette action qui va déclencher la guerre des Cévennes, dite Guerre des Camisards (de camisade : grande chemise blanche que portaient les révoltés pour se reconnaître entre eux).
Les trois principales armées camisardes se situent l'une sur le mont Aigoual avec son quartier général près de Vébron (à mi-chemin entre Meyrueis et Florac) avec comme chef Castanet; une autre dans les basses Cévennes avec comme chef Pierre Laporte, dit Rolland; la troisième autour de Nîmes avec Cavalier. Une quatrième bande tient le Mont Lozère avec Mazel, Couderc, Joany.
Cette guerre de partisans, de coups de main, déroute complètement l'intendant du Languedoc, Monsieur de Basville, ainsi que les chefs de l'armée royale dépêchée sur place: Broglie, Montrevel, enfin Villars après l'échec des deux précédents.
La résistance acharnée (voire les victoires) de ces paysans protestants rend fou l'encadrement de cette armée, notamment le tristement célèbre capitaine Poul, le baron de Saint Cosme (ancien huguenot converti) ou Julien, le vainqueur de Rolland à la bataille de Vagnas. N'oublions pas de citer également le brigadier Planque, « célèbre » pour avoir ravagé le pays de Valleraugues et la vallée Borgne.
Avant chacune des batailles, les Camisards, un genou en terre, chantent le psaume des batailles:
Que Dieu se montre seulement
Et on verra soudainement
Abandonner la place
Et fuir devant sa face
Et fondre de toutes parts
Le camp des ennemis épars.
Dieu les fera tous enfuir
Ainsi qu'on voit s'évanouir
Un amas de fumée.
La force est consumée
Des ennemis devant Dieu
Comme la cire auprès du feu.
Les combats sont souvent indécis mais les révoltés la plupart du temps insaisissables.
Basville va tracer à travers la Cévenne deux grandes « pénétrantes » pour pouvoir faire circuler ses troupes; notamment la route de la Corniche des Cévennes, surplombant les vallées pour éviter les embuscades constantes. Egalement près de Vébron, la route de la Cardinale...
Dans l'impossibilité de juguler la rébellion, Basville va organiser le «Grand Breulement des Cévennes» afin que les camisards ne puissent plus se nourrir ou se reposer. On regroupe les villageois dans quelques gros bourgs fortifiés et on démolit ou brûle tous les hameaux, villages, mazets qui parsèment les vallées. Toute une région va être ravagée, détruite en vue de venir à bout de deux ou trois mille révoltés ! Les emprisonnements, les condamnations aux galères, les tortures, exécutions sauvages se succèdent jusqu'en 1704, où le maréchal de Villars réussit enfin à traiter avec le plus puissant des chefs camisards, Cavalier, moyennant la libération de tous les condamnés, la possibilité de pratiquer sa religion au moins chez soi et des exonérations fiscales pour ceux qui ont eu leur maison détruite.
Mais la révolte, si elle faiblit, ne cesse pas car d'autres « généraux » camisards, tel Rolland, veulent mourir les armes à la main, ne croyant pas aux promesses d'un pouvoir aussi cruel. C'est d'ailleurs ce qui se passe. Peu à peu, les groupes se réduisent, les chefs meurent ou sont capturés, les promesses de libération n'étant pas respectées du fait que la reddition totale n'a pas été obtenue...
Les persécutions endémiques se poursuivront jusqu'au milieu du XVIII" siècle. Mais il faudra attendre Louis XVI qui, en 1787, signe un Edit de Tolérance rendant aux protestants un état-civil, la possibilité de se marier en dehors de l'Eglise officielle et, bien sûr, la liberté de culte...
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